vendredi 7 octobre 2016

Le jardin de mon grand père

Je n'ai pas connu mon grand père; il est mort six ans avant ma naissance, il a mis près de vingt ans à mourir des séquelles de la Grande Guerre. Il avait 52 ans.




Il y a plus de trente ans j'ai construit ma maison sur sa cave à vins, Mon grand père était vigneron.

Nous avons construit, nous étions deux à ce moment-là, jeunes et plein de projets. La vie a passé, je suis seule et je vis toujours dans ce qui fut la cave de mon ancêtre.

 On se sent bien dans une bâtisse qui a créé du vin.







Il y avait un jardin qui avait son utilité pour le vigneron: les tombereaux chargés de raisins reculaient sur ce terrain et vidaient directement dans les cuves, à cause de la morphologie des lieux. Utilité car ce jardin était enserré de rues et de murs. Dans ce jardin, que j'ai connu en ruine et en friche, se trouvaient les vestiges d'un poulailler, un figuier et deux lilas. Bien évidemment, on a du faire des sacrifiés pour nos travaux. Les lilas seuls restèrent. Le figuier se vengea férocement sur mon jeune époux qui le tronçonna : c'était l'été et chaque brin de sciure occasionna une brûlure et une cloque sur la peau du jeune homme en short et torse nu !



 La vie a passé, sur nous, sur la maison et sur le jardin que j'ai transformé en oasis de verdure au coeur du village .

Le décor ainsi posé, parlons des arbres de mon grand père et de leur surprenant psychisme!




Un des lilas fleurit régulièrement et sans faillir depuis la nuit des temps,. Il donne en avril naissant de belles grappes mauves et odorantes que je laisse s'épanouir sur l'arbre sauf un bouquet que je porte à mon père qui aimait tant les fleurs, quand il était sur terre.

Sous la pluie de printemps...



Le second lilas refusa obstinément de fleurir. Pendant de nombreuses années. Je le croyais stérile et un jour, armée d'un couteau à greffer je tentai l'opération de la dernière chance. Je n'avais jamais greffé de lilas où de quoi que ce soit hormis la vigne! Alors j'incisai le personnage, l'affublai d'un intrus extrait de son frère et lui dis, menaçante : « si avec ça tu ne fleuris pas, je te tronçonne! ».


Au 1er plan le lilas récalcitrant




La greffe ne prit pas mais...l'arbre se mit à fleurir et voilà donc près de 20 ans qu'il offre ses fleurs jumelles de celles de son frère.

Je crus donc volontiers au psychisme des arbres!


Quelques années plus tard, le figuier disparu depuis plus de deux décennies montra un bout de nez timide et je le laissai vivre. Il grandit vite car il a toute l'eau qu'il veut , je le taillai en gobelet, lui donnant une jolie forme, point trop évasée dans ce « jardin de curé » à la place limitée et chaque année, du tronc pâle et élégant jaillissent de longues branches aux feuilles étrangement découpées qui montent vers le ciel chercher la lumière. 








2011 : mêlé aux roses trémières
2012 : il s'élève vers le ciel
L'automne, une chevelure blonde et parfumée recouvre le sol, mais...le figuier est stérile. Pas la moindre figue à l'horizon des grands bras élancés.


Alors, l'hiver dernier je lui tins cette conversation, ou je lui fis cette suggestion, ce qui revient au même : « Si l'an prochain tu ne te décides pas à faire des figues, je te tronçonne, tu prends vraiment trop de place! ». Il ne me répondit pas et nous en restâmes là...



Des feuilles étonnantes





La taille en gobelet
 Quelle ne fut pas ma stupéfaction, au printemps, de voir une petite figue accrochée aux jeunes branches, puis deux, quatre enfin !
Je ne raconte pas ma joie, ni la sienne dont je ne doute pas. J'ai un peu honte de lui avoir fait payer sa place en mon jardin, comme au lilas.
J'ai surveillé ces fruits tout l'été et enfin, ces jours derniers, j'ai pu sauver du bec des oiseaux deux des fruits, littéralement savoureux.


Je ne sais rien de cette variété blanche, fine, pas très grosse, à la chair miellée et dorée. Surtout pas son nom.
 

  
Mais il s'est quand même vengé et m'a rendu la monnaie de ma pièce : chacune des gouttes de sève me crée une jolie et brûlante cloque, moi qui jamais n'ai été allergique au moindre figuier.

Ah si les végétaux aussi deviennent féroces !



19 commentaires:

  1. Que de souvenirs en un lieu où la création à donné naissance à de bons vins, un si beau jardin et à une VIE, tout simplement...

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    1. Merci Jean François pour ce si joli commentaire !

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  2. Merci Pépé d Amédine Merci Amédine il n Y a pas Plus Beau qu Un Jardin :) Je connais un peu L Intelligence des Végétaux :) Je Vénère Le Figuier :) Le Lilas pour Papa de La Part de Pépé que Vous offrez Amédine met du Baume au Cœur :) Calinous aux Minous Bisous à Vous Pensées pour Lison :)

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    1. Depuis toujours je suis convaincue du psychisme des végétaux; je me demande parfois comment les arbres peuvent supporter d'être ancrés toujours au même endroit! En tout cas les arbres de mon père n'ont pas supporté sa mort et ont dépéri les uns après les autres; je pense que lui aussi parlait à ses arbres... Bisous d'une voyageuse sur le point de départ pour le MOnt Aigoual, haut lieu aussi...(à tous points de vue)

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  3. Amédine Bonjour au Mont Aigoual Soyez Prudente :) Pensées pour Nos Papas :) A Bientôt :)

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    1. Le Mont Aigoual m'a bien accueillie, même si ce fut froidement... C'est de rigueur là bas !

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    2. Oui Amédine Je pensais à Vous car ici aussi il commence à faire frais :) Rien ne Vous arrête :)

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  4. Amédine quel Joli Cœur Cette Figue :) *

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  5. Un très joli billet, pour un très joli jardin. Dis donc, ils t'écoutent bien les arbres, hein ! (sourire) Je suis contente que ce figuier ait repoussé et t'ait donné deux beaux fruits. Le figuier est un arbre que j'aime beaucoup, et ses fruits sont tellement bons, frais ou secs.
    Bonne fin de soirée, Amédine, et un bon dimanche. Bisous.

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    1. Les végétaux m'écoutent c'est vrai, je sais dialoguer avec eux. Parait-il...J'ai toujours dialogué avec mes vignes mais cette année la météo s'est interposée entre nous .. Bisous

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  6. Bonsoir ... Quel beau billet, émouvant ...
    Une pensée pour nos chers disparus.
    Douce soirée, BISOUS, Câlins aux Félins

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    1. J'aurai l'occasion de reparler de ce grand père inconnu. A propos de ses vignes qui sont devenues miennes. je veux y consacrer un billet. Bisous

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  7. Mon chère amie chère Lison!
    Merci pour tes gentils mots chez moi. Je vais mieux ...heureusement et je suis si heureuse de lire ton nouveau billet. Tu as un féerique jardin ...un rêve pour moi il me faut dire. Et tu habites dans un endroit avec beaucoup d'histoire ...histoire de ta famille Lison. C'est très rare aujourd'hui et tu as des vignes!! Pour moi quand tu as un petit terrain tu es riche ... Et tu as beaucoup des petits trésors chez toi comme ton figuiers!
    Il est si beau même sans des figues Lison!
    La première figue était délicieuse n'est est pas?????Il te faut garder bien ton arbre!
    J'espère tu vas bien mon amie et tes chats aussi.
    Passe une bonne nuit et à très bientôt!
    J'embrasse très tres fort!

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    1. Un très grand plaisir de te retrouver; je t'ai mis un mot sur ton blog toujours aussi beau. Je suis heureuse pour toi que tu voies enfin le bout du tunnel. je t'embrasse très fort et continue à nous montrer de si belles choses, si joliment contées malgré la traduction

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  8. Il est merveilleux, ce jardin ! Et tu as une jolie manière de le raconter, j'adore. Ton lilas a une couleur magnifique et originale, ils sont rares, ces roses. Je vais suivre ton exemple et aller dire deux mots à mon figuier. :)

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    1. Essaie, je pense qu'avec le regard que tu as sur tout ça devrait marcher. Bisous

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  9. Une histoire vraiment bizarre !!! un arbre fruitier
    qui se venge... la photo d'une figue est superbe. J'
    adore ton jardin ( un peu comme un " jardin de curé"
    non ? ) . Je t'embrasse et reviendrais te voir. ELZA

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    1. Et oui...l'oranger et autres fruitiers de mon père ont fait les fous à son décès et je n'ai pu les maîtriser. Certains en sont morts, au grand dam de ma mère...Ah ces végétaux qui ne nous veulent pas du bien et nous font culpabiliser alors que ça suffit déjà avec les humains ! Gros bisous très chère Elza

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